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Librairie Equibooks : Questions à Natalie Pilley-Mirande

Passionnée par les chevaux depuis l’enfance, propriétaire de pur-sang arabes, Natalie Pilley-Mirande est également journaliste spécialisée – actuellement attachée à 30 Millions d’Amis et Cavalière.

Elle est l’auteur de plusieurs livres de référence parus dans la collection L’Équitation autrement (Zulma).

EQUIBOOKS :

Vous êtes cavalière depuis l’enfance, d’où vous est venue cette passion pour le cheval ?

Natalie Pilley-Mirande :

De ma passion première pour… la littérature ! Dès 6 ans, j’ai dévoré la série Poly de Cécile Aubry dans la Bibliothèque Rose et je rêvais d’avoir un poney pour ami (déjà à l’époque, c’était la relation avec l’animal qui m’attirait, plus que l’aspect technique). Même chose avec L’Étalon noir, Flamme, etc. En vacances, dès qu’on passait en voiture devant un pré où il y avait des chevaux, je demandais à mes parents de s’arrêter, c’était une obsession. Mes deux frères aînés ont demandé aussi à faire de l’équitation, et pendant des années nous avons passé tous nos dimanches en famille dans un centre équestre de l’Essonne. J’ai appris à monter sur un double-poney entier qui s’appelait Coruche… et je n’ai plus jamais arrêté ! L’un de mes deux frères était tellement doué en dressage qu’il a failli devenir cavalier professionnel. Moi j’ai continué en club jusqu’à l’adolescence, jusqu’à ce que je découvre l’équitation d’extérieur et la randonnée. Et là, j’ai arrêté le club à jamais : tourner en rond dans un manège, ce n’était pas mon truc… et ça ne le sera jamais

EQUIBOOKS :

Vous avez écrit une série de romans pour la jeunesse, Cœur de Mustang : Parlez-nous un peu d’Alice…

Nathalie Pilley-Mirande :

Là encore, c’est le lien très intime chez moi entre les chevaux et les livres qui est à l’origine de cette série autobiographique. Comme des milliers de lecteurs, j’ai été envoûtée par le roman Mon amie FlickaL’herbe verte du Wyoming, etc. Mon père a voulu nourrir et concrétiser ce rêve des grands espaces américains et nous avons passé chaque été dans un ranch près de Cody, petite ville de l’état du Wyoming. Adolescente, puis jeune fille, j’y ai vécu les moments les plus intenses de ma vie de cavalière car ce lieu réunissait ce que j’aime le plus : l’immersion dans une nature sauvage et les chevaux. J’ai voulu partager cette double passion avec des lecteurs, et immortaliser ce que j’avais vécu. La série Cœur de Mustang est très autobiographique, Alice est littéralement mon « double » : c’est une adolescente intrépide dont le père a un ranch dans le Wyoming, et qui découvre la vie des cow-boys et ranchers, l’équitation de travail tellement éloignée de l’équitation « sur le plat » qu’on pratique en club, les mustangs, la vie libre et sauvage dans les montagnes Rocheuses, l’approche éthologique des « chuchoteurs américains »… Pour l’anecdote, je l’ai appelée du prénom de l’héroïne de mon enfance, la jeune détective Alice de la série de Caroline Quine dans la Bibliothèque Verte ! Vous voyez, les livres et les chevaux ont toujours fait partie intégrante de ma vie !

EQUIBOOKS :

Votre plume n’est pas uniquement romancière, vous avez également écrit plusieurs ouvrages pratiques, notamment un qui tente de répondre à une question que se posent tous les cavaliers : « Comment gagner la confiance de son cheval ? » Pouvez-vous nous livrer quelques astuces ou secrets ?

 

Nathalie Pilley-Mirande :

Mes ouvrages pratiques reprennent en effet le même « message » que mes romans : il y est toujours question de confiance. Un cheval ne doit pas agir de façon contrainte ou même simplement blasée, mais parce qu’il a confiance en son cavalier et qu’il se sent bien en sa compagnie. Des secrets ou des astuces ?? C’est aux États-Unis – bien avant que le phénomène des chuchoteurs et de l’équitation éthologique n’arrive en France – , que j’ai appris l’importance du travail à pied. Mais aussi tout simplement du temps passé à pied avec son cheval (donc pas forcément du « travail » au sens de longe, longues rênes, etc.). En France, hélas, la plupart des cours d’équitation débutent sur le dos du cheval. Or, si ça se trouve, le cavalier fait de grosses erreurs en sortant son cheval du box et en l’emmenant au manège, mais le moniteur ne s’en préoccupe pas toujours, et après tout le monde s’étonne que ça se passe mal durant la reprise ! Je dirais donc que le tout premier secret est d’instaurer le respect mutuel au sol, avant de se mettre en selle. On ne devrait jamais monter un cheval qui n’est pas en confiance et respectueux à pied.

En plus du respect, il faut également apprendre à communiquer avec son cheval selon un langage qu’il puisse comprendre en tant qu’équidé : langage gestuel, postural… Le but est d’utiliser les mêmes « codes » que lui, de le convaincre plutôt que le contraindre, de respecter sa nature profonde. Par exemple, une astuce toute simple pour les chevaux qui ont peur de la douche consiste à s’éloigner et diriger le jet pas trop fort mais assez haut en l’air, au-dessus de leur dos, pour que l’eau retombe en fines gouttelettes comme la pluie. Car aucun cheval n’a peur de la pluie !

EQUIBOOKS :

Votre dernier livre paru s’intitule : Choisir son cheval. Quelle race pour quelle discipline ? Est-il si difficile de trouver le bon cheval ?

Nathalie Pilley-Mirande :

Absolument, surtout son premier cheval, parce qu’on est alors encore dans la démarche de vouloir concrétiser un rêve. Du coup, on a tendance à faire des erreurs en se fixant sur une race qui nous séduit avant tout pour des raisons esthétiques, par exemple, ou culturelles. Mais acheter un cheval, ce n’est pas du rêve, c’est du concret ! Et si l’on se trompe, c’est dommage pour tout le monde – le cavalier sera déçu, le cheval sera revendu ou négligé, etc. Or, un cheval n’est pas une voiture ou une moto, c’est un achat important, comme celui de tout animal, car on s’engage a priori pour de longues années de vie commune. Cet ouvrage est le premier à étudier une trentaine de races disponibles en France non pas de façon encyclopédique et historique, mais résolument pratique en fonction de la discipline que vous souhaitez pratiquer. Par exemple, vous adorez les chevaux noirs et pensez acheter soit un Frison, soit un Mérens. Le problème, c’est que votre dada, c’est le CSO ou le concours complet… Or, ces deux races ne répondront pas bien à vos attentes. Même si tous les chevaux du monde savent sauter, tourner, trotter etc., certains races sont prédestinées à telle ou telle discipline, de par leur sélection, leur morphologie et leur caractère. Ce livre vous aide à faire le bon choix – non pas le cheval de vos rêves, mais celui qui correspond à l’utilisation que vous souhaitez en faire !

EQUIBOOKS :

Et enfin, une toute dernière question : parmi tous les livres sur les chevaux que vous avez probablement lus (beaux livres, récits de voyage, romans, ouvrages techniques…) quel serait celui que vous conseilleriez à nos lecteurs ?

Nathalie Pilley-Mirande :

Votre question est trop difficile ! Alors je vous donnerai une réponse pour chacun des genres que vous avez cités : pour les beaux livres, Le pur-sang arabe : histoire, mystère et magie

C’est celui qui trône de face dans ma bibliothèque, la couverture est sublime… comme ce cheval « buveur de vent » qui reste à mes yeux la plus belle créature animale terrestre ! Pour les récits de voyage, Le pérégrin émerveillé, de Jean-Louis Gouraud, formidable épopée humaine, équestre, géopolitique etc., sur le voyage qu’il a effectué en 1990 entre Paris et Moscou. Pour les romans, ce serait La chute de cheval, de Jérôme Garcin, qui m’a beaucoup touchée par sa pudeur. Et pour l’ouvrage technique, sans hésiter je répondrai L’équitation de légèreté par l’éthologie, de Stéphane Bigo. A mon avis c’est actuellement le meilleur ouvrage d’éducation du cheval, car il fusionne avec beaucoup d’intelligence l’équitation classique et éthologique – faisant fi des polémiques et des « chapelles » qui sont encore trop fréquentes dans le monde équestre.

 

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